Thursday, June 25, 2009

Kafka etait ouzbek

Je ne sais pas par ou commencer. Je ne sais meme pas comment vous raconter tout ce qui m'est arrive, car j'ai encore de la difficulte a tout assimiler. Je vous epargne mon compte rendu d'Andijon et mes derniers jours a Tashkent pour aller directement a hier, qui fut sans aucun doute la journee la plus fatiguante, la plus stressante et la plus frustrante de mon existence.

Comme on m'avait assure que la frontiere entre le Tadjikistan et l'Ouzbekistan etait ouverte, c'est-a-dire que les ouzbeks laissaient sortir les gens vers le Tadjikistan, je me suis dirige la hier matin. Premier pepin: un chauffeur de taxi collectif qui decide soudainement que son taxi n'est plus collectif, et que je paie tout. Bon, passons. Ma principale crainte etait que les ouzbeks ne me laissent pas sortir vers le Tadjikistan, mais une fois arrive a la frontiere, je ne remarque rien d'anormal; enfin, rien d'anormal pour l'Ouzbekistan. Quand on entre en Ouzbekistan, il faut inscire sur un formulaire tout, et je dis bien tout, l'argent qu'on a sur nous; et si l'on sort du pays avec plus d'argent qu'en rentrant, et bien, comme le douanier le disait, "problem". Je crois qu'ils n'ont pas encore compris le principe des banques. En plus, j'avais oublie de declarer un 20$ perdu dans ma paperasse, ce qui aurait serieusement pu me valoir la prison, mais un petit bakchich a regle le probleme.

Je sors finalement du poste de douane ouzbek, mon passeport bien etampe et ma patience bien entamee. Je marche les 100 metres qui me separent de la frontiere tadjik, j'y arrive, et j'y vois beaucoup de gens qui attendent. Oh, c'est mauvais signe. Puisque le president tadjik passait dans la region, la frontiere etait fermee a tous les etrangers jusqu'a 28 juin (on etait le 24). Aucun moyen de passer, j'ai meme subtilement essaye la corruption, rien a faire. Le probleme, mes amis, c'est que mon visa ouzbek n'avait qu'une entree, et que mon passeport est etampe. Alors oui, en gros, j'etais pris dans le no man's land entre les deux frontieres pour 4 jours, dehors sous un soleil de plomb, avec 500ml d'eau et trois barres proteinees.

Je voudrais que vous vous arretiez un instant pour bien visualiser la situation. Comme vous lisez ces lignes, vous savez que je vais bien, et que finalement je m'en suis sorti. Mais essayez d'imaginer un seul instant que j'etais pris la, pratiquement sans espoir de pouvoir m'en sortir, avec de l'eau pour quelques heures a peine par la chaleur qu'il faisait, et face a des soldats tous aussi bornes les uns que les autres. C'est pas une blague, je capotais, je n'arrivais pas a y croire. Ils doivent me laisser sortir quelque part !

J'ai eu la bonne idee d'appeler, de mon cellulaire, le consul canadien en Ouzbekistan ainsi que mon cher papa, toujours pret a me sortir de mes plus fameuses emmerdes. Mais meme le consul etait impuissant a me faire sortir de la. J'entendais le chef du poste frontiere tadjik s'engueuler avec lui au telephone, sans que rien ne change. J'avais perdu tout espoir.

Finalement, a 22h, une dame ouzbeke a reussi a me faire entrer au poste frontiere ouzbek, ce qui etait deja un debut. Mais la, rien a faire, il me faudrait un nouveau visa que je ne peux obtenir qu'a Tashkent, ils ne comprennent rien, les pauvres cons.Par une chance inimaginable, je croise un ouzbek qui rentre au pays, et qui parle anglais. C'est le directeur des ventes internationales de Daewoo en Ouzbekistan. Il leur explique ma situation, ainsi que ce qu'ils doivent faire pour que je m'en sorte. J'aurai donc le droit de me rendre directement a l'aeroport de Tashkent, je ne pourrai pas en sortir, et je serai deporte vers le Khirghizstan, car j'ai un visa valide pour ce pays.

Apres trois heures de camion pour me rendre a Tashkent, je reussi a soudouyer la dame d'Uzbekistan Airlines pour qu'elle me trouve un billet pour Bishkek (sinon, je partais pour Istanbul, ou je peux avoir un visa a l'arrivee). 200 beaux dollars qui partent en fumee, mais bon, rendu la, je m'en fous.

Me voici donc parachute a Bishkek apres une autre nuit blanche. Cela chamboule tout mes plans, je croyais faire le Khirghizstan en dernier, je n'avais donc rien planifie. Je crois avoir reussi a me faire un itineraire pas trop mal, on verra ca demain. Je pars pour le lac Issik-Kol, le deuxieme plus grand lac en altitude au monde, pour une journee de baignade bien meritee.

Ouf ! Juste a ecrire tout ca, a me rememorer ma journee, je suis epuise. Un vrai cauchemar kafkaien. Decidement, l'Asie Centrale n'est pas de tout repos.

Francois

2 comments:

  1. Francois, tu es mon meilleur ami, mais je n ai qu une pensee : God, I m glad I didn t follow you.

    Teleporte-toi donc a Buenos Aires. Le tango, c est moins stressant que les frontieres.

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  2. T'es vraiment pas mais VRAIMENT pas reposant!!!
    :)

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